Talbot Matra Rancho

Verte avant l’heure.

Le milieu des années 70 voit l’éclosion de véhicules tout-chemin. Une vague verte sur laquelle Matra a développé sa Rancho.

Dans les seventies, les enfants du baby-boom connaissent une croissance à 2 chiffres et veulent profiter de leur temps libre. La voiture, reflet de l’époque, découvre également les vertus des loisirs et de l’évasion. , les rallyes vont bientôt faire rêver les Français et le film Les Bronzés devient culte. La Citroën Méhari, lancée en 1968 et le luxueux Range Rover, apparu en 1970, sont les plus beaux symboles de cette nouvelle vague. Pour Philippe Guedon, responsable des projets automobiles Matra, entre ces deux là, il y a une place pour un véhicule tout-chemin intermédiaire.

Grâce aux accords conclus avec Simca, la base retenue est la VF. Version utilitaire de la 1100. Le châssis nu, uniquement habillé de la cabine de Talbot Matra Rancho (1981) Broschure conduite et équipé du moteur de la 1308, arrive ainsi à l’usine de Romorantin. C’est là que la vilaine fourgonnette se transforme en séduisante Rancho. L’inédite cellule arrière surlévée, en polyester, est boulonnée sur le châssis et l’auto prend des airs de baroudeur, avec des boucliers enveloppants (pare-buffle et phares à longue portée intégrés), des élargisseurs d’ailes et des protège-feux. L’ensemble, imaginé par Antoine Volanis, styliste de la Murena, a de l’allure et évoque, avec vingt ans d’avance, le Land Rover Discovery. Toute comparaison s’arrête là, car la Rancho, en tant que simple traction avant, n’a pas vocation à faire leCamel Trophy. Retrouver aujourd’hui la Rancho donne envie de reprendre la route de l’aventure. C’est aussi redécouvrir une époque pas si lointaine où une auto de standing se vendait d’avoir un rétroviseur droit, des appuie-tête avant et un essuie-glace à l’arrière. Dans le même ordre d’idée les plastiques seraient à peine dignes d’un modèle Löw cos moderne. Mais la vraie richesse de la Rancho est bien sa cellule arrière spécifique. Semblable à une véranda, tant la surface vitrée est généreuse, celle-ci offre un volume record (2 220 dm3), accessible en basculant les sièges avant, ou par l’original hayon s’ouvrant en 2 parties. Les passagers apprécient, pendant que le conducteur compose avec le modeste 1.4 de 80 chevaux, simplement épaulé par boîte à 4 rapports à la commande caoutchouteuse. Un bloc paresseux en bruyant, surtout que l’arrière fait caisse de résonance, ce qui met les nerfs à rude épreuve sur un long trajet. Heureusement, la confortable Ranche légère (1 130 kg), ce qui autorise des performances suffisantes (145 km/h). En 1984, après son retrait, l’avant-gardiste Rancho laissera pendant vingt ans un vide sur le marché des SUV français, Matra se tournant désormais vers les monospaces.

Quelques informations en plus:

  • Voiture à vocation buissonnière, la Rancho a inventé le crossover.
  • L’accès aux places arrière laisse à désirer.
  • L’instrumentation se limite à l’essentiel comme sur un Duster.
  • Phares de recherche, calandre protégée, la Rancho affiche sa fibre aventurière.
  • Chasseurs, pêcheurs, campeurs…tout le monde apprécie le vaste volume du coffre.
  • Emprunté à la Simca 1308, le moteur délivre 80 chevaux et permet d’atteindre 145 km/h.
  • C’est qui a le plus vieilli: le style et les plastiques de planche de bord.
  • La Rancho est une véritable véranda, voilà qui nous change des voitures modernes.

Fiche technique:

Lobgueur/largueur/hauteur: 4,31m / 1,66m / 1,73 m

Moteur: 4 cylindres en ligne transversal avant, carburateur double corps Weber

Cylindrée: 1 442 cm3

Puissance: 80 chevaux à 5 600 tr/nm

Couple: 120 Nm à 3000 tr/nm

Boite de vitesse: manuelle à 4 vitesses synchronisées

Transmission: aux roues avant

Vitesse maxi: 145 km/h

Aujourd’hui modèle conseillé: une Rancho X apparue en 1980 et mieux équipée.

Prix: 4000-6000 euro.

Disponibilité en occasion: mauvais

Disponibilité des pièces: bon

Fiabilité mécanique: bon

Qualité des matériaux intérieurs: moyen

Résistance à la corrosion: mauvais